Dans l’Encyclopédie morale du XIXe siècle, publiée entre 1840 et 1842, l’enfance, la jeunesse, les écoliers, les gamins... occupent une place très importante. L’introduction au tome second, signée par Pierre-François Tissot, s’intitule La jeunesse depuis cinquante ans : on y rencontre de multiples considérations sur le milieu social, l’éducation et la formation, les comportements... défilent aussi la “jeunesse politique” et les “jeunes fashionables”. Lisons quelques passages qui montrent, au-delà de l’analyse de la société et les jugements de valeur, toute l’importance accordée à l’éducation : “les enfants du peuple poussaient le défaut d’instruction jusqu’à ignorer souvent les éléments de la lecture et de l’écriture ; ils conservaient les idées religieuses qui leur avaient été inculquées par leurs mères (...). Une partie de cette jeunesse, livrée à elle-même ou rebelle à l’autorité maternelle, tombait dans de graves désordres, conséquence inévitable de la paresse et de l’oisiveté, et allait peupler les prisons (...). Dans les enfants de la classe moyenne, vous trouviez une éducation incomplète mais saine (...). Nos jeunes praticiens recevaient à peu près la même éducation que celle des enfants de la classe moyenne ; mais ils travaillaient beaucoup moins” (1). Aujourd’hui, tandis que les notions de professions sociales, d’éducation spécialisée, de sites pédagogiques font l’objet d’études et de recherches de plus en plus complexes, le manque d’instruments de recherche est, lui aussi, de plus en plus perçu comme un handicap. Comment serait-il possible de comprendre l’enfance irrégulière ou d’avancer des mesures adaptées ou des pédagogies spécialisées si on méconnaît ou ignore les expériences réalisées, les politiques menées et les travaux produits.